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Editorial 2007/8/21. LE MONDE

L'Etat d'émotion

L'affaire du petit Enis est l'un de ces faits divers dramatiques qui marquent l'opinion, suscitent l'émotion, soulèvent l'indignation. A la fois parce que la victime est un enfant, et parce que nul ne peut s'empêcher de penser que cette récidive-là aurait pu -aurait dû- être évitée. (...)

L'annonce de la création d'hôpitaux fermés pour les délinquants sexuels, après la prison, illustre cette dérive. Que le dispositif actuel ait montré, une nouvelle fois, ses limites, voire des carences criantes, c'est une évidence. Ce n'est pas une raison pour y répondre par une solution qui pose de redoutables problèmes juridiques, moraux, déontologiques ou constitutionnels. Cela ne conduit-il pas, subrepticement, à rétablir les peines à perpétuité, au mépris des peines prononcées par la justice? Comment ne pas mesurer les risques de dérapage que cela pourrait entraîner dans d'autres domaines? Comment distinguer crimes sexuels et crimes «ordinaires», si l'on ose dire? Comment confier à des commissions de médecins la responsabilité de trancher, à nouveau, le sort de personnes déjà jugées? Comment enfin faire croire qu'une nouvelle loi réglerait le problème, quand les dispositions existantes sont aussi peu et mal appliquées, faute de moyens notamment.

A force de vouloir prouver son efficacité, tous les jours et sur tous les fronts, l'«hyperprésident» en fait trop. Non seulement parce qu'il brouille les institutions, réduit ses ministres à faire de la figuration et, au passage, s'expose trop pour durer. Mais surtout parce que le président est menacé de glisser sur une pente dangereuse. Celle qui, à partir de l'attention légitime prêtée aux victimes, aux «vraies gens» et à leurs problèmes, conduit à la démagogie.

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