L´Humanité Jean-Paul Piérot 2007/9/18
Sous surveillance
C'est un président sous surveillance qui expose aujourd'hui ce que l'Élysée appelle, avec un sens aigu de l'antiphrase, «la stratégie sociale du gouvernement». Mesuré, en effet, à l'aune de la cascade de mauvais coups qui déferlent depuis quatre mois sur le monde du travail, le mot antisocial est le premier qui vient à l'esprit quand on évoque la politique de Nicolas Sarkozy, et il n'y a pas lieu sur ce point d'attendre une quelconque rupture.
Aucune rupture sur les objectifs: la démolition de tout ce que le modèle social français a rendu possible en matière de droit du travail et de protection sociale. C'est la revanche de la droite contre les conquêtes. Aucune rupture non plus sur la méthod: le chef de l'État se substitue au premier ministre en présentant la politique du gouvernement et en rencontrant lui-même les dirigeants syndicaux. (...)
Il passe d'un sujet à un autre pour détourner l'attention et prévenir les mobilisations. Il fait pression sur les syndicats en imposant des dates butoirs au-delà desquelles la majorité UMP légiférera. Il oppose la légitimité présidentielle au droit des syndicats, en vertu d'un sophisme selon lequel l'élection du président impliquerait par avance l'acceptation de tous ses projets, les négociations ne devant porter que sur les modalités d'application.
Avec la fin de l'été, le ciel élyséen est peut-être en train de s'obscurcir. Les 15 milliards de cadeaux fiscaux votés au mois de juillet en faveur des plus riches pèsent d'autant plus lourd que les prévisions de croissance fondent comme neige au soleil.
(...) Sur les régimes spéciaux de retraite, Nicolas Sarkozy compte encore sur ses efforts visant à diviser les salariés. L'imposture durera jusqu'à ce que les Français découvrent que derrière les attaques contre les cheminots, les conducteurs de la RATP, les travailleurs de l'énergie, les marins... se prépare une nouvelle offensive pour retarder l'âge de la retraite pour tous. (...)