Michel Bidegain 2008/9/16
Pas de peine de mort pour Laborantza Ganbara
le journal
Les pouvoirs publics français ont la rancune tenace. Il a fallu attendre trois ans pour qu'une suite soit donnée à la plainte déposée contre Mixel Berhocoirigoin, président d'Euskal Herriko Laborantza Ganbara, pour soi-disant usurpation de titre officiel et activités illicites. (...)
Ils avaient pris le pari que la durée de vie de cette démarche citoyenne ne passerait pas le cap d'une, au pire deux, années. Or, trois années et demie après son lancement, l'audacieux défi des militants d'ELB est gagné : EHLG est bien ancré dans le paysage économique d'Iparralde. Par centaines chaque année, les paysans basques se tournent vers la dizaine de techniciens de Laborantza Ganbara pour de l'accompagnement et des services qu'aucune autre structure, surtout pas la très officielle Chambre d'agriculture des PA, ne leur offre. L'objectif affiché de Laborantza Ganbara est le développement d'une agriculture paysanne et durable, afin de maintenir une économie riche et diversifiée sur un territoire à forte identité.
Par la diffusion de l'information, la mise en place de formations régulières sur les pratiques autonomes et économes, plus respectueuses de la nature et des humains, Laborantza Ganbara, ne pouvait que susciter la colère des tenants, pouvoirs publics et FNSEA confondus, de l'agriculture industrielle, polluante et concentrationnaire. (...).
Mais, au-delà de cette utilité et de cette légitimité qui lui sont à présent reconnues par le monde paysan basque, c'est bien le soutien et la mobilisation des citoyens de ce pays à la démarche de Laborantza Ganbara, que les pouvoirs publics cherchent à annihiler en demandant la condamnation de Mixel Berhocoirigoin et l'interdiction de l'association.
Le procès qui attend Mixel Berhocoirigoin n'est pas un procès ordinaire. Il marque une marche supplémentaire dans l'escalade répressive contre une association qui a fait la preuve de son utilité publique. L'enjeu est la survie même de Laborantza Ganbara et l'avenir de ses dix salariés. C'est pour cette raison que la société entière doit se mobiliser pour contrecarrer cette tentative mortifère. C'est pour cette raison que nous serons nombreux au tribunal de Bayonne, jeudi prochain 18 septembre, à dire notre colère et notre détermination.