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Le Monde

Diversité du cinéma

Editorial 2007/2/27. Estado francés.

L'attribution à Lady Chatterley du César du meilleur film est une juste récompense pour cette oeuvre intimiste et lyrique, portée par Marina Hands, qui a reçu le prix de la meilleure actrice. Trois autres Césars ont récompensé ce film. Sa réalisatrice, Pascale Ferran, aurait tout lieu d'être satisfaite. Or elle ne l'est pas. Le texte qu'elle a lu samedi soir sur la scène du Théâtre du Châtelet se veut au contraire un cri d'alarme sur l'état du cinéma français.

En apparence, avec 190 films produits en 2006 et 45 % du marché, soit un jeu égal avec le cinéma hollywoodien, ce cinéma-là se porte bien. Bien mieux que celui des autres pays européens, par exemple. Dans les faits, un mal profond le ronge.

Les conditions dans lesquelles Lady Chatterley a vu le jour disent aussi les difficultés de survie du cinéma d'auteur. Ce film n'aurait pas existé sans l'avance sur recette ni l'implication de l'unité de fiction d'Arte, qui n'est pourtant censée produire que des téléfilms. Et il n'a pas reçu un centime du principal financier du cinéma français, qui avait pourtant vocation à l'aider: les chaînes de télévision.

Ce financement boiteux de Lady Chatterley montre où s'arrête l'audace desdites chaînes. Ces dernières n'acceptent plus que les acteurs soient inconnus, que la durée soit supérieure à la normale et que le scénario soit non conforme aux recettes attendues. Lady Chatterley a beau tirer son épingle du jeu, ce film est l'exception qui confirme la règle. Pour un tel succès, combien d'oeuvres estimables ne verront jamais le jour, victimes du sous-financement chronique du cinéma d'auteur ?

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