Antton Etxeberri 2009/10/24
Jon Anza ou la vérité embarrassante
lejournal
Cette semaine, des dizaines d'élus du Pays Basque ont demandé à rencontrer le Sous-Préfet de Bayonne, à propos de Jon Anza, militant abertzale qui a disparu depuis plus de six mois. Le représentant local de l'Etat français a répondu par une fin de non-recevoir, cette affaire étant pour lui «un problème de la Justice». De leur côté, les «grands» élus de ce territoire brillent par leur silence sur le sujet. Seule la Procureure de la République de Bayonne en charge de l'affaire semble s'intéresser à cette disparition (...). Les dernières informations publiées par le journal Gara annoncent que Jon Anza aurait été victime d'un Corps de Police espagnol, qui l'aurait interrogé puis enterré quelque part sur le territoire français. Ces écrits ont provoqué une réaction immédiate du Parquet de Bayonne, qui a organisé aussitôt après la publication de l'article, une conférence de presse appelant quiconque aurait des informations à se manifester. Il ne fait aucun doute que quelqu'un sait ce qui s'est passé ; mais a-t-il un intérêt à se manifester? Les derniers événements survenus en Pays Basque n'incitent guère à la confiance et au sentiment de protection que des citoyens sont en droit d'attendre de leur pays. La présence de forces de polices espagnoles, assumée et autorisée par le Gouvernement depuis des années, doit poser un problème à l'Etat français. C'est ce dernier qui a permis que ces policiers espagnols travaillent ici en toute impunité avec leurs armes. Mme Alliot-Marie s'est souvent félicitée de permettre à des centaines de policiers espagnols de travailler sur le territoire français. Dans le cas où les informations de Gara seraient avérées, les élus qui permettent cette présence policière dans l'Hexagone auront une lourde responsabilité à assumer devant la Justice, mais aussi devant l'opinion publique. Il est légitime de s'interroger quant à l'intérêt de la Justice de rendre publique la vérité, au regard de l'histoire proche du Pays Basque. Et si elle est prête à assumer toutes ses conséquences politiques.