Antton Etxeberri 2010/11/10
De l'acharnement judiciaire à la dérive répressive
le journal
La décision du tribunal de Pau d'incarcérer la militante abertzale Aurore Martin est une première dans l'histoire du conflit qui oppose le Pays Basque et l'Etat français. C'est la première fois en effet qu'une militante de nationalité française, sur laquelle pèse un mandat d'arrêt européen produit par l'Espagne, est incarcérée en attendant son jugement. L'acharnement judiciaire que subit Aurore Martin est révélateur aujourd'hui du virage répressif que semble vouloir prendre l'Etat français. (...)Les organisations politiques illégales en Espagne ne l'étant pas sur le territoire français, il lui est en effet difficile de prendre une telle décision. En quelques mois, c'est la deuxième fois qu'Aurore Martin passe devant ce même tribunal, pour des raisons identiques : l'Etat espagnol lui reproche d'être une militante de Batasuna. La première fois, à la suite d'un gros travail d'interpellation des acteurs politiques et sociaux de ce territoire, le tribunal avait refusé d'accéder à la demande espagnole. Cette fois-ci, la décision de convoquer cette militante et de l'incarcérer en attendant son procès augure d'une volonté de l'Etat français d'accompagner de manière effective la fuite en avant répressive irresponsable appliquée par le gouvernement de Zapatero. Aucune justification ne vaut aujourd'hui pour incarcérer Aurore Martin ; celle-ci assume publiquement son militantisme politique et n'a jamais cherché à fuir. La convocation à la gendarmerie de Saint-Jean-Pied-de-Port et son transfert direct en prison éclairent de manière dramatique où se situe l'Etat français sur la question basque. En acceptant de livrer Aurore Martin aux juges espagnols, la justice française ouvrirait la porte à un nouveau cycle de répression, durant lequel n'importe quel militant politique pourra se retrouver à la place d'Aurore Martin. La mobilisation de chacun est nécessaire pour ne pas laisser s'enclencher cette dérive répressive.