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Iñaki Lasa et Ione Josié Responsables des relations politiques et Iparraldea de Kontseilua

Un pour tous et tous pour un!

Au mème titre qu'un status adéquat l'euskara doit bénéficier d'une protection juridique et d'une politique linguisti- que eficace qui aboutira à la normalisation

Une fois de plus le jacobinisme français est venu tuer dans l'oeuf les prémices d'un débat sur la reconnaissance de nos langues. Sujet à de nombreux rebondissements, ce débat initié le 7 mai par l'Assemblée Nationale, s'est poursuivit par l'adoption d'une mention qui devait venir compléter l'article 1 de la Constitution, pour finalement être jeté aux oubliettes par le Sénat.

Il semblerait que le Sénat et l'Académie française aient accordé leurs violons, à moins que la déclaration de l'Académie Française ne soit venue préparer le terrain, curieuse coïncidence. En effet, le 12 juin, les membres de l'Académie Françaises adoptaient une déclaration, qui dénonçait l'intégration dans la Constitution d'une mention concernant les langues minorisées et en exigeait le retrait, sous prétexte que la mention bafouait le principe d'égalité des citoyen(ne)s et qu'elle remettait en question l'accès égal de tous et de toutes à l'Administration et à la Justice.

Rappelons que l'Académie Française fut fondée en 1635 par le cardinal Richelieu afin de fixer la langue française et de la rendre compréhensible par tous. En effet, le Cardinale rouge, s'était investi d'une mission dont l'objectif était de généraliser une langue de portée restreinte et qui n'était pas dotée, alors, du prestige qu'on lui accorde aujourd'hui, et surtout, au détriment des autres langues pratiquées sur le territoire. Et pourtant, les héritiers de l'infâme Richelieu, membres de l'Académie ou sénateurs, ont souhaité porter un coup fatal à l'euskara et aux autres langues pratiquées sur le territoire français. Aussi, c'est dans la continuité de l'esprit de Richelieu que doivent s'interpréter les derniers rebondissements de cette affaire.

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée au lendemain de la Révolution française, voit naître la devise pré-constitutionnelle, qui fait sa fierté «Liberté, égalité, fraternité». Or, il nous faut étudier de plus près le fondement même de ces trois concepts, démontrer l'application inexacte qui en découle aujourd'hui.

Liberté. L'image véhiculée par la France est celui de la liberté, il semblerait que nous soyons tous libres et égaux en droits. Mais pourtant, nous n'avons pas la liberté de pratiquer notre langue, de façon normale, en dehors du domaine privé, au sein d'une administration, de la justice, dans le domaine social ou économique...non, nous sommes privés de cette liberté car l'article 2 de la Constitution désigne le français comme la seule langue légale de la République! Bien que cet article ait été composé afin de contrer l'influence de l'anglais, ce sont nos langues qui en ont été les premières victimes!

Que dire du principe d'égalité? Depuis fort longtemps les bascophones sont confrontés à mille et un stratagèmes destinés à supprimer l'essence même de leur langue, et ce au nom de «l'identité nationale», et pire même, car la construction de l'identité nationale française passe par l'annihilation de notre langue. Aussi, au nom du principe d'égalité nous sommes victimes de discrimination et démontrons une fois de plus, la nécessité de la reconnaissance des droits collectifs et des minorités par la France. D'autre part, il nous faut rappeler que pendant des années la France a mené des politiques linguistiques dont le but (in)avoué était la disparition effective de nos langues. Cependant, le 19 mai 2008, la Commission des Droits Economiques, Sociaux et Culturels de l'ONU a adressé de nouvelles recommandations à l'Etat français, réaffirmant que les principes «d'égalité» et de non discrimination ne garantissent pas toujours le respect des droits de l'homme.

Ainsi, la Commission recommande à la France de revoir sa Constitution et de reconnaître officiellement sa diversité culturelle et ses minorités, dont fait partie, la reconnaissance formelle et officielle des langues minorisées. Elle a notamment remarqué que l'Etat français ne fait pas suffisamment d'efforts pour encourager et protéger les langues des minorités et les langues régionales. Aussi il est évident que le concept même d'égalité n'existe pas pour les bascophones tant qu'ils seront considérés comme citoyen(ne)s de seconde zone. Mais les derniers événements viennent confirmer que la France méprise toujours les recommandations qui lui ont été faites et qu'elle continue à faire la sourde oreille !

Et la fraternité alors? Le français et l'euskara se situent dans un même espace géographique. Mais, il n'est pas question de cohabitation ici, la relation qu'entretiennent les deux langues est diglossique puisque l'euskara ne répond pas à toutes les fonctions de communication, que son usage reste limité dans certains secteurs de la société, dans certains secteurs géographiques et que tous les citoyen(ne)s ne le connaissent pas. Comment cohabiter en harmonie alors qu'une seule langue est officielle, et que l'autre est condamnée à mort? Vivre en harmonie devient difficile dès lors que l'on est dominé. L'euskara est propre à notre territoire, et les locuteurs qui l'utilisent vivent également ici, ils en ont le droit. D'autre part, il existe de nombreuses nations dans le monde qui possèdent plus d'une langue et qui, lorsqu'elles gèrent cette richesse de façon démocratique, ne posent aucun problème de cohabitation, sans compter que maîtriser plus d'une langue est une richesse en soi.

Les bascophones ont le droit d'exiger réparation pour les dommages occasionnés historiquement. Normaliser l'euskara relève du droit et c'est pourquoi il être plus ambitieux, aller au-delà de la modification de la Constitution proposée, afin que le statut de l'euskara jouisse d'un statut égal à celui du français. Au même titre qu'un statut adéquat, l'euskara doit bénéficier d'une protection juridique et d'une politique linguistique efficace qui aboutira à la normalisation.

Enfin, à l'image des quatre mousquetaires d'Alexandre Dumas qui se sont battus pour protéger l'honneur de la reine Anne d'Autriche et préserver la stabilité du royaume, sans jamais tomber dans les pièges perfides tendus par le Cardinale Richelieu, le mouvement associatif poursuivra son labeur, à travailler main dans la main, afin de sauvegarder et de normaliser le joyau qu'est notre langue! Si Richelieu gagne la bataille aujourd'hui, il n'en sera pas toujours ainsi, aussi nous allons continuer à ouvrer pour la reconnaissance de notre langue! Mousquetaires, Un pour tous et tous pour l'officialisation!

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