La France a entamé, lundi, le dernier virage dans la course à l'Elysée par l'ouverture officielle de la campagne électorale pour une présidentielle (...) Mais, il semble bien que la présidentielle française de 2007 ait été déviée de ses objectifs en se focalisant sur la problématique identitaire et migratoire, thème imposé par le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, dont la proposition de création d'un ministère de «l'Immigration et de l'identité nationale» a soulevé un tollé, notamment parmi les intellectuels.

Cela aurait pu être une simple manoeuvre de récupération des voix de la droite dure, d'un Sarkozy qui veut ratisser large, s'il n'y avait pas comme un arrière-goût d'ostracisme de la part de quelqu'un qui oublie ses origines étrangères. M.Sarkozy -lui-même issu de l'immigration (il est d'origine hongroise)- s'attaque, en fait, aux fondements qui font la France, non seulement celle d'aujourd'hui, mais celle d'hier également, laquelle, au long de plus d'un siècle, s'est édifiée grâce à l'apport, sous toutes ses formes de l'immigration qui est venue d'Europe de l'Est, d'Italie et d'Espagne à la fin du XIXe siècle d'abord, des anciens pays colonisés d'Afrique et du Maghreb au début du XXe siècle, ensuite.

(...) L'argumentaire de M.Sarkozy qui reprend à son compte les oukases de l'extrême droite reste de fait spécieux en réussissant à focaliser la campagne française sur de faux problèmes, ceux de l'identité et de l'immigration, pour ne point aborder, de front, les complications qui seront celles de la France demain, dans une Union européenne qui pourrait atteindre, dans les 30 prochaines années, la cinquantaine de membres où la France n'aura sans doute pas le beau rôle.