LIBERATION Nicole Gauthier 2007/5/9. Etat français.
Avec Sarkozy, la France serre à droite
(...) d'abord, le cru présidentiel 2007 signe une spectaculaire réconciliation des Français avec la politique. Le taux de participation, élevé le 22 avril -l'un des meilleurs en quatre décennies-, a été encore supérieur le 6 mai. (...)
Nicolas Sarkozy a rassemblé sur son nom une grosse majorité des 3,8 millions d'électeurs de Jean-Marie Le Pen, le niveau de participation signifiant d'ailleurs que l'appel solennel du leader frontiste, le 1er mai, à «l'abstention massive» n'a guère été entendu.
Selon un sondage TNS Sofres, les deux tiers des voix lepénistes se sont reportées sur le président de l'UMP, contre 15 % à Royal, les 19 % restants étant répartis entre les votes blancs et nuls et l'abstention. Mais surtout, outre le capital de Philippe de Villiers (2,23 %) et Frédéric Nihous (1,15 %) qui lui était d'emblée acquis, le nouveau président de la République a aussi gagné chez les électeurs attirés par François Bayrou au premier tour. Nombreux à être culturellement de droite, les partisans du dirigeant centriste, qui n'avait pas donné de consigne de vote, sont revenus, pour une bonne part, dans le giron de leur famille politique d'origine à l'heure du choix final, comme l'avait fait avant eux la quasi-totalité des grands élus UDF. L'enquête TNS Sofres indique d'ailleurs qu'ils se sont comportés en parfaits centristes : 40 % ont choisi Sarkozy, 40 %, Royal (...).
Pour que la candidate socialiste ait une chance de l'emporter, il lui aurait fallu au moins 50, voire 60 % du pactole centriste... et un parfait report des voix de la gauche de la gauche. Or il est probable que ces électeurs-là, notamment ceux d'Olivier Besancenot et Arlette Laguiller, ne se soient pas précipités vers les bulletins aux couleurs d'une candidate jugée trop droitière. (...)