Les familles FLORES, BIDART, GARAY et BARNETCHE
Lettre ouverte au Préfet
Monsieur le Préfet, nous, familles choquées, démembrées, indignées, nous permettons de nous adresser à vous pour tenter de comprendre et d'obtenir des réponses quant aux arrestations qui ont eu lieu ces derniers jours.
Nous ne comprenons pas que nous ayons subi ainsi que nos proches, dans un état dit démocratique, des arrestations dont l'injustice, la violence et l'étalage public nous laissent sans voix. Un état qui se moque des droits basiques en bafouant la présomption d'innocence; qui se permet d'arrêter des jeunes, des femmes avec leur bébé, de mettre sous détention immédiate des enfants, des frères, des pères de famille, alors qu'un processus plus souple permet à la justice, faute de preuves réelles, de poursuivre son travail tout en laissant à chacun sa liberté.
Que deviennent nos droits quand nous devons attendre injustement onze jours pour connaître enfin les lieux de détention de nos proches. Onze jours durant lesquels des informations fausses et contradictoires nous sont fournies. Non, ils n'étaient pas à Pau, puis oui, puis non c'était Toulouse, et enfin Paris. On s'est moqué de nous, on nous a baladés en même temps qu'eux, nous laissant volontairement dans l'ignorance et le désarroi.
Nous, mères, frères et soeurs, femmes et enfants sommes révoltés d'une procédure musclée, digne des plus grands criminels, qui faute d'investigations probantes et de preuves réelles, se contente d'indices pour discréditer d'honnêtes citoyens. Car à ce jour, nous ne connaissons toujours pas les vrais motifs des incarcérations, mais nous savons qu'il n'y a aucune preuve.
Ces arrestations arbitraires mettent en péril des familles avec de très jeunes enfants, d'autres perdront leur travail, si chèrement conquis s'ils ne se présentent pas à leur poste dès la semaine prochaine. Des bébés grandiront dans leur plus jeune âge sans leurs pères, et dans un environnement social, financier et psychologique fragilisé. Des mamans souffriront quand elles ne le devraient plus, en pensant à leurs enfants détenus. Des vies entières sont désormais entachées au regard du voisinage public, privé et professionnel. Tâches indélébiles qui demeureront même après libération et toucheront tous les proches. Tant d'efforts de chacun pour assurer une vie décente sont piétinés sans aucune honte!
Et tout cela pourquoi? Que cherche-t-on réellement? Des criminels ou des travailleurs à mettre au chômage?
Nous a-t-on arrêtés en tant que conjointe, salarié, client ?
Ne s'agirait-il pas plutôt de jeter volontairement le discrédit sur des lieux qui font leur preuve en matière d'accueil public, de rassemblement de jeunes, d'animation locale?
Comment se fait-il que les médias espagnols soient informés avant même que nous le soyons, nous premiers concernés?
Pourquoi nos élus locaux demeurent-ils aussi passifs, quand ces mêmes structures que l'on tente de discréditer fédèrent et animent sans jamais aucun problème leurs communes?
Pense-t-on enfin résoudre avec de tels moyens et une telle répression, la question politique basque?
Le 24 septembre quinze personnes ont été interpellées en Basse-Navarre et à Bayonne, dont cinq ont été écrouées accusées de «collaboration» dans l'attentat contre l'auberge Ostape du chef Alain Ducasse survenu en 2006. Les proches des personnes interpellées ont récemment tenté de rencontrer le préfet lors d'une visite en Basse-Navarre, mais Marc Cabane a refusé de les recevoir. Le Conseiller général du canton de Baigorri, Jean-Michel Galant a rapporté aux familles que le préfet s'est justifié en déclarant «qu'il ne recevait pas les familles de terroristes».