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Editorial 2007/12/20

La défaite de Mbeki

LE MONDE

C'est un personnage tout à la fois populaire, résilient et controversé que l'ANC, l'ancien mouvement de libération qui gouverne l'Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid en 1994, a porté à sa tête mardi 18 décembre. Jacob Zuma, compte tenu du poids ultra-majoritaire de l'ANC, est désormais en position très favorable pour devenir, dans deux ans, le successeur de Thabo Mbeki à la présidence de la République. À condition que la justice ne l'inculpe pas pour corruption dans une affaire de commissions occultes sur des achats d'armes qui empoisonne la vie politique du pays depuis cinq ans. En 2005, M. Mbeki avait limogé son ancien frère d'armes de son poste de vice-président de la République, après que le conseiller financier personnel de ce dernier eut été condamné pour corruption. (...)

Usé par treize ans de pouvoir, M. Mbeki n'a pas mesuré l'ampleur du rejet dont ses méthodes autoritaires, aussi bien que sa personnalité glaciale, font l'objet dans l'opinion. La victoire de M. Zuma est d'abord la défaite d'un homme qui n'a pas su se retirer à temps. L'inquiétude, dans la minorité blanche, comme dans les cercles économiques, où celle-ci domine d'ailleurs toujours, n'en est pas moins réelle. Elle se nourrit d'au moins deux grandes inconnues. En premier lieu, pour la première fois de son histoire moderne, la «nation arc-en-ciel» a désormais deux centres de pouvoir: l'ANC, censée déterminer la politique nationale, et le gouvernement, destiné à l'appliquer. Nul ne sait comment ils vont gérer leur antagonisme.

Seconde interrogation: Jacob Zuma a gagné avec le soutien déterminé des deux partenaires de gauche de l'ANC: la centrale syndicale Cosatu et le Parti communiste. Il n'a jamais articulé de programme économique et il promet de ne pas revenir sur la politique néolibérale suivie jusqu'ici. Mais, durant la campagne, ses partenaires ont beaucoup promis aux 40 % de citoyens sud-africains qui vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Réaliser ces promesses sans bouleverser les grands équilibres ni effrayer les investisseurs sera une tâche aussi difficile pour M. Zuma qu'elle l'a été pour son frère ennemi.

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