LE JOURNAL | Antton Etxeberri 2010/1/9
Un préfet seul face à un pays qui s'organise
Euskal Herriko Laborantza Ganbara va fêter le week-end prochain ses cinq bougies. La structure agricole n'en a toutefois pas fini de devoir répondre à des attaques incessantes, provenant d'un Etat français qui n'a sans doute rien d'autre de plus urgent à faire. (...) le préfet des Pyrénées-Atlantiques n'a toujours pas digéré la force de quelques paysans qui ont finalement décidé de créer leur propre outil, au service de l'ensemble des agriculteurs basques. Poussé par la Chambre d'Agriculture de Pau, le représentant de l'Etat n'accepte toujours pas l'existence même de cette structure agricole, qui durant ses cinq petites années d'activité, a déjà depuis longtemps prouvé l'utilité de sa démarche. Même les décisions judiciaires rendues n'ont pas encore convaincu l'Etat français de la stupidité de ses attaques. C'est ainsi que le président de Laborantza Ganbara est appelé à comparaître à nouveau, cette fois-ci devant la Cour d'Appel de Pau le 19 février prochain. Par son attitude, le préfet révèle son incompréhension de ce qui se passe en Pays Basque aujourd'hui. S'attaquer à Laborantza Ganbara aujourd'hui, c'est tenter d'empêcher les paysans basques de se prendre en main. C'est aussi signifier à ceux qui réclament une reconnaissance territoriale, une intransigeance de l'Etat concernant ces questions. C'est enfin rappeler à ceux qui veulent remettre en cause ce jacobinisme d'un autre temps que l'Etat n'a pas l'intention de répondre à quelque revendication que ce soit, surtout quand elle provient du Pays Basque. Le problème pour le préfet est qu'il se retrouve de plus en plus seul à assumer localement son harcèlement. Ses attaques répétées permettent à chacun de se rendre compte que Paris est de plus en plus éloigné des préoccupations locales, et que c'est avec des pouvoirs décisionnels locaux que l'on parviendra à faire avancer notre pays.