Alice Leiciagueçahar 2011/3/8
Témoignage d'Alice Leiciagueçahar
le journal
(...) Huit jeunes réfugiés chez des élus depuis samedi; quatre arrêtés lundi (dont les deux vivant chez moi). Une conférence de presse était organisée hier matin à 10 heures, à laquelle j'étais invitée à témoigner. Trois des quatre jeunes restants devaient y assister. Un a réussi à arriver à la conférence de presse, et est entré au moment où des policiers en civil arrivaient de partout. Les deux autres arrivaient en voiture avec des conseillers municipaux de Saint-Pée.
Ils ont été arrêtés en rase campagne par trois voitures banalisées. Des policiers cagoulés en sont descendus et ont littéralement kidnappé les jeunes, insulté les élus («Je m'en fous que tu sois élu, t'as pas de couilles»...) et les ont empêchés de sortir de la voiture.
(...) Alors nous avons décidé de l'accompagner là où il résidait, chez un élu de Saint-Pée. Deux élus sont montés devant, deux derrière, et lui entre nous deux, et nous sommes partis. Sitôt que nous avons été dans un lieu à peu près désert, ils ont renouvelé le même scénario, en plus violent encore.
Une voiture s'est mise devant nous, plusieurs derrière, et nous avons roulé ainsi jusqu'à un endroit où nous ne pourrions pas tenter de fuir. Les deux policiers de la voiture de devant sont descendus et ont braqué les armes sur nous en hurlant «Police...» et je ne sais plus quoi encore parce que dans le même temps, on a violemment tapé sur la voiture par l'arrière. Ensuite, côté gauche (j'étais à droite), j'ai vu trois pistolets, et ils ont tapé avec les crosses sur la vitre jusqu'à la casser. Ils ont ouvert la porte (qui n'était pas verrouillée) et un policier a plongé dans la voiture, il a attrapé Endika et l'a arraché de la voiture par-dessus un élu. Pendant ce temps, ils nous bloquaient dans la voiture en nous empêchant de sortir. (...)
Anecdote: je me suis dirigée vers une voiture dans laquelle le policier a enlevé sa cagoule et mis une capuche pour se cacher, j'ai tapé sur sa vitre (la violence serait-elle communicative?) et je lui ai crié : «Oui, vous pouvez vous cacher, honte à vous» et il m'a répondu par un doigt d'honneur. Ça a été très rapide (quelques minutes), mais extrêmement violent.
Excusez-moi, j'avais besoin de raconter...