Liberation.fr Editorial 2007/10/25
Trop vite
L'hyperprésident en fait-il hyper-trop? La question se pose en voyant le train des réformes, jadis TGV, prendre des allures de Corail. Est-ce la fin de l'état de grâce maintes fois annoncée? Pas tout à fait. On touche aux limites de la méthode du président-multi-ministre. Cette dernière peut se résumer ainsi : tout réformer en même temps, en accumulant les chantiers, selon la recette ternaire d'un coup de communication, d'un coup de concertation et d'un coup d'après-vente assuré par des ministres télégéniques. On enchaîne les décisions, on entasse les calendriers, on glorifie l'énergie du chef.
Tout cela peut fasciner, certes, jusqu'au moment où le système si complexe que Nicolas Sarkozy veut réformer à la hussarde se met à résister, alors même que la croissance ralentit.
(...) dans la rue, les «résistants» à la méthode Sarkozy se font plus nombreux: des cheminots, des avocats, des internes. Séparément ils seraient peut-être passés presque inaperçus, sauf que, puisque tout est réformé en même temps, ces gens-là sont dans la rue en même temps (...)
Du coup, l'hyperprésident se met, comme ses prédécesseurs, simples présidents, à s'intéresser davantage à la politique internationale. L'Union méditerranéenne, voilà un beau projet! L'Afrique, le mini traité européen, l'Iran... de nouveaux défis à sa mesure. Mais là aussi, emporté par son élan, de Moscou à Berlin, de Rabat à Dakar, il fait grincer les dents. Dur, dur, d'être un hyperactif dans ce monde si lent...