Maider Etxoan 2011/8/3 | Le Journal
Faire les fêtes sans se défaire est un sport de combat
Comment faire les fêtes de Bayonne quand on est une fille/une femme ? Parcours de la combattante. Quelle(s) stratégies mettre en place pour passer de bonnes fêtes, pour prendre sa place dans la fête ? Questionnement conscient ou inconscient, l'équation reste à résoudre quoi qu'il en soit. Les points de vue sont multiples : une trentenaire m'explique que la première année, sa s?ur bordelaise était venue aux fêtes avec un décolleté. Et bien non, aux fêtes de Bayonne, on vient avec un tee-shirt (blanc, ça va de soi) jusque-là (elle me montre son cou). Et je lui demande : «Et l'année prochaine le tchador ?». Sourire gêné... Un peu plus tard dans la nuit, j'attends pour aller aux toilettes avec un groupe de jeunes filles d'une vingtaine d'années. Un trio de garçons arrive, pressant, pressé. Ils s'approchent de nos visages, mimant un sourire pour exiger le même en retour... Les filles s'exécutent... ils s'éloignent... elles sont soulagées... ils reviennent, s'approchent de moi et me demandent à nouveau de leur sourire... Je leur signifie avec véhémence de nous laisser tranquilles. Ils me bousculent. Les jeunes filles s'approchent de moi, protectrices, et me glissent «Tu leur fais un faux sourire, et comme ça, tu seras tranquille»....
De la tenue vestimentaire aux différentes attitudes : les femmes sont contraintes de développer un ensemble de stratégies pour s'adapter aux situations imposées, et ainsi finalement de dire et de faire ce que l'on attend d'elles.
Comment faire pour que la nuit soit enfin à nous ?
Si la question reste entière, il serait urgent que la commission extra-municipale des fêtes de Bayonne se pose réellement la question de la place des femmes dans la fête. Les fêtes de Bayonne nous appartiennent aussi. Cette problématique doit être celle de toutes et de tous, acteurs et actrices de la fête.
Vannes machos, insultes sexistes, mains au cul, agressions, viols, restons solidaires contre les violences sexistes. Parce que la fête ne changera pas sans nous...